07.11.2015
“Aujourd’hui, je décide de lâcher-prise. Je refuse de continuer à laisser mon ego dicter comment je dois me sentir face à telle ou telle situation. Il y a tellement de choses que je peux faire, tellement de choses que je peux devenir. Je ne laisserai plus mes démons me freiner sur ce chemin. Il y a tellement de choses plus importantes dans ma vie que les quelques erreurs que j’ai faites et que je continuerai à faire. Certaines situations ne changeront jamais. Alors pourquoi pas, au lieu de les tourner et retourner mille fois dans ma tête, tout simplement les accepter telles qu’elles sont et passer à autre chose? Pourquoi pas. Je n’ai pas d’emprise sur les évènements extérieurs, mais je suis la seule à pouvoir décider comment j’y réagis. Je le sais depuis longtemps déjà et pourtant, je laisse encore certaines choses m’atteindre, m’envahir, ramper jusqu’à cette partie de moi qui est si fragile, qui a si peur de ne pas être assez bien, d’être rejetée à nouveau. Mais ce ne sera plus le cas, à partir de maintenant. Je vais dépasser ça, je vais me pardonner et je vais lâcher-prise. Et tant pis si parfois je refais quelques pas en arrière; ça n’effacera jamais tout ce chemin parcouru. Quoi que mon ego cherche à me faire croire.
Je ne l’écouterai plus.”
Après toutes ces aventures sur l’île de Jeju, il est temps de revenir à Jeju City, où nous passerons encore deux jours, histoire d’aller faire une randonnée sur la montagne qui donne sur le cratère d’un volcan, avant de partir pour Busan.
La randonnée est longue et grimpe beaucoup. Le chemin sinue parmi les arbres habillés de couleurs automnales, c’est tellement joli qu’on n’en voit pas le temps passer.
Bon, une fois en haut, c’est un peu décevant, il y a tellement de brouillard qu’on ne voit rien du tout… Le cratère, ça sera pour une prochaine fois!
A peine le temps de se reposer de cette longue marche que nous devons déjà partir, le lendemain. Nous nous rendons au terminal de ferrys pour en prendre un de nuit pour Busan. Mauvaise nouvelle: ils ont supprimé cette ligne… Dur. Plusieurs options s’offrent à nous maintenant, dont celle de prendre un avion (ce qui aurait été l’option la moins chère et beaucoup plus rapide) mais moi, avec tout ce que j’apprends sur l’environnement, je me suis promise d’éviter de prendre l’avion à chaque fois que j’en avais la possibilité. Luke partage mes opinions à ce sujet, nous nous résolvons donc à prendre un ferry pour Mokpo, à nouveau, et prendre un bus depuis là. Il nous faudra patienter toute la journée au port, puis à nouveau passer une nuit à Mokpo, et encore une autre journée dans un bus; ce sont presque deux jours de perdus, mais tant pis! Ce sont les aléas du voyage, et il faut faire avec.
Nous finissons quand même par arriver à Busan, et quelques changements de métros plus tard, nous arrivons au Popcorn hostel, où je vais passer plusieurs semaines. Je compte travailler là quelques temps, alors que Luke va prendre un autre bateau pour le Japon. Nous profitons donc de nos tout derniers jours ensemble pour visiter une toute petite partie de Busan, principalement le parc commémoratif des soldats des Nations Unies morts pendant la guerre de Corée.
Et puis, le port d’où Luke va prendre son ferry.
Parce que Busan, c’est grand! Je vais vite m’en rendre compte après le départ de Luke, lorsque je fais des recherches plus approfondies sur les choix qui se présentent à moi. Mais j’aurai au moins trois semaines pour explorer.
Mon travail à Popcorn hostel va consister à nettoyer les chambres et les salles de bains, ainsi que les aires communes. Selon le nombre de gens qui quittent les lieux, j’ai de 1 à 3 heures de travail par jour, c’est donc très raisonnable. Le travail n’est pas passionnant, c’est sûr, surtout les premiers jours… J’ai un peu le moral dans les chaussettes, et me sens seule; le départ de Luke, une triste nouvelle dans la famille, et puis il y a ces attentats à Paris… En plus, la seule personne qui travaille avec moi est une femme pas mal plus âgée qui se croit investit d’un grand pouvoir parce qu’elle est là depuis quelques semaines déjà, et me traite comme son employée alors qu’elle a exactement le même statut que moi. Qu’est-ce qu’elle m’irrite!! Mais je gère comme je peux.
12.11
“Qu’est-ce que c’est bruyant et encombré, un métro. Ça m’empêche de penser clairement, ça m’angoisse. Déjà que je ne suis pas dans le meilleur des états. Il y a quelques jours, un membre de ma famille nous a quittés. L’enterrement est aujourd’hui. Ça me fait un peu mal de ne pas être aux côtés de ma famille dans ces moments difficiles, mais ça ne m’empêche pas de leur envoyer tout mon amour. Un décès, c’est toujours douloureux, quelles que soient les circonstances. C’est un rappel, aussi, un rappel que tout est éphémère, que la vie est trop courte, qu’il faut en profiter chaque seconde avant qu’elle nous échappe. Oui, apprécier le fait d’être en vie: je crois que c’est la meilleure manière de rendre hommage à mon tonton.
Et puis, Luke est parti hier pour le Japon et, après avoir voyagé plus d’un mois à ses côtés, je redécouvre les sensations du voyage solo. C’est un timing bizarre, y a un gros vide. Mais tout ira bien, j’ai toutes les ressources qu’il faut en moi pour affronter la suite. Pour l’instant, je vais freiner un peu, je vais travailler dans mon auberge quelques semaines. Après, on verra. Un jour après l’autre.”
Toute en pensée avec toi ma jolie. Le voyage comme la vie et son train train, est fait aussi de plats et de moments plus lourds… j’espère que celui ci ne durera pas trop. Bisous tout doux N
Merci ma toute belle, j’ai écrit ça il y a un moment déjà, ça va beaucoup mieux depuis. J’espère que tout se passe bien de ton côté. Gros bisous