Coucou tout le monde,
C’est un plaisir d’être de retour. Désolée de ne pas avoir trop donné de nouvelles ces derniers temps; j’essaie de déterminer la suite. Je n’ai pas eu énormément de succès dans cette entreprise (pour changer…), mais je fais toujours de mon mieux afin de ne pas abandonner et rester fidèle à moi-même au milieu de tous les paramètres de ma vie, sans devenir folle. Devenir folle me semble parfois être une idée plutôt alléchante, à vrai dire. Est-ce que je suis folle de dire cela? Peut-être. Quoi qu’il en soit, j’essaie de rationaliser les choses en me convainquant que si je m’accroche assez longtemps, tout m’apparaîtra clairement. C’est généralement comme ça que ça marche.
C’est marrant, je me souviens quand j’avais 20 ans, j’étais sûre que tout fonctionnerait comme il faut à 25. Ma foi, peut-être quand j’en aurais 30…
Bon, où est-ce que je vous ai laissé? Ah oui. Mon arrivée à Saint-Jacques, la grande révélation de ma vie qu’a été le Chemin. Alors, qu’est-ce qu’il s’est passé depuis?
J’ai décidé de marcher jusqu’au Finisterre (“la fin du monde”, sur la côte ouest de l’Espagne, là où le Chemin se termine vraiment), mais je suis partie un jour après mes amis. Après un jour de marche, j’ai paniqué et me suis rendue compte que ma vraie “fin du monde”, c’étaient mes amis. Oui, c’était une période très sentimentale de ma vie. Il s’est avéré qu’il n’y avait pas de bus qui y allaient, et l’on m’a dit de retourner à Saint-Jacques. Mais le Camino s’occupe de nous! Les gens de l’auberge dans laquelle je restais étaient très sympathiques, ils m’ont accueillie comme un membre de la famille et m’ont aidée à trouver une solution. C’est ainsi que j’ai rencontré leur amie Marisol, une adorable femme espagnole qui par hasard allait justement au Finisterre le lendemain, en voiture, où j’ai pu faire la surprise de ma présence à mes amis. C’était magique. Je n’oublierai jamais ce jour-là.
Ensuite, je suis allée à Porto, au Portugal, en compagnie des derniers survivants de notre famille du Chemin. Le Portugal a été une transition bienvenue après un mois de marche, surtout quand je suis descendue à Lisbonne et Cascais, afin de rejoindre mes parents et profiter avec eux d’une semaine de découvertes et de relaxation…
Mon voyage n’était pas tout à fait terminé, puisque je devais encore prendre un avion pour le Danemark, où j’ai décidé de rejoindre mon amie Donja pour son anniversaire. Michal, un autre membre de notre famille du Chemin, était aussi là, et j’ai pu également voir Niko et Pia qui y habitent. Copenhague est une ville magnifique et intéressante, et cela a commencé je l’espère, une tradition de faire l’effort de régulièrement se visiter les uns les autres. J’adore l’Europe pour cela; tout est près. Je crois aussi que c’était un moyen pour moi de repousser mon retour en Suisse. Je voulais que le rêve dure un peu plus longtemps…
Et puis enfin, je suis rentré à la maison. J’ai trouvé un emploi occasionnel dans un camp de vacances pour enfants, ainsi qu’un petit appartement (je le partage avec Jaume, que j’ai aussi rencontré sur le Chemin! Oui le Chemin a envahi ma vie! :D).
J’aimerais pouvoir dire que je suis “de retour à la normale”, mais ce serait un mensonge. Il n’y a pas de “normal” dans mon monde. Il y a seulement une série d’événements qui se passent les uns à la suite des autres et qui finissent par former ma vie, la plupart du temps en me surprenant moi-même, en voyant là où je finis.
Alors depuis, par exemple, nous avons aussi eu une réunion du Camino à Stuttgart, là où habite Sophia.
Et maintenant… je suis de retour au Danemark. Je crois que voyager me manque sérieusement…
Tout ceci est temporaire. J’essaie d’écrire le plus possible, pour mon prochain gros projet, et je travaille toujours à la publication prochaine de mon premier livre. Mais je pense surtout à la suite. Je suis honnêtement partagée entre prendre mon temps, pour économiser de l’argent et avoir une sorte de routine pour accomplir ce dont j’ai besoin dans ma vie, ou alors partir pour de nouvelles aventures. Chaque nuit, je rêve d’aller à Berlin, New York ou encore, je ne sais pas moi, pourquoi pas Kigali tant qu’on y est, et faire ce que j’aime.
Cela fait plus d’un an que je me suis posée à nouveau en Suisse. Je dois admettre que, bien que cela ait été plus que nécessaire, à présent que je me sens bien mieux, j’ai de plus en plus l’impression que j’ai besoin de partir à nouveau. Cet endroit est incroyable à beaucoup d’égards (vous devriez voir la vue!), mais je ne peux m’empêcher de me sentir limitée, ici. Quelque chose me manque. Je crois que ce pays est peut-être juste un peu trop “rangé” pour moi. Peut-être que je ne prospère réellement que dans le chaos… Vous devriez voir ma chambre.
Voici un petit quelque chose que j’ai écrit, dans l’un de mes moments déterminants, quand je croyais avoir à décider si je voulais accepter un “bon” travail ou pas (j’ai fini par ne pas l’avoir, mais cela a eu le mérite de me faire me poser les bonnes questions):
Serai-je l’écrivain de ma vie? Ou serai-je la protagoniste?
Une fois encore, je suis confrontée à un choix. Est-ce que cela doit-être un choix?
Encore une fois…
Vais-je choisir de rester derrière un peu plus longtemps, prenant le temps de mettre les mots sur mes histoires, ou vais-je partir en créer de nouvelles?
J’ai arrêté l’université. Deux fois. J’y reviens toujours, c’est vrai, mais cela ne change pas le fait: j’ai arrêté l’université deux fois. Qu’est-ce que cela dit de moi?
Parfois, je regarde ma vie et les choses semblent s’aligner. “Pourquoi pas”. Je me suis faite une promesse à moi-même. Qui serais-je pour abandonner maintenant?
Alors oui, bien sûr, il y a cette voix au fond de mon esprit qui me dit que je suis folle et que je ne devrais pas renoncer à une telle opportunité. Mais quand j’y pense, je l’ai déjà fait, et il y a toujours quelque chose de bien qui en est sorti, même dans les moments les plus sombres. Souvent, j’ai simplement passé un excellent moment, aussi. Mais en essayant et en me trompant, en échouant et en réussissant parfois, au milieu du chaos, je suis restée vraie envers moi-même.
Je ne peux pas arrêter maintenant. Je suis allée trop loin dans ce voyage incroyable pour ne pas vouloir savoir où il m’emmènera ensuite, si je continue à suivre le même chemin. N’est-ce pas fascinant? De se demander où je vais bien pouvoir finir? Pour moi, ça l’est, et oui, je me rends compte que c’est un commentaire incroyablement égocentrique.
Mais après tout, je suis la protagoniste dans ma propre Vie.
J’ai déjà fait de tels choix. J’ai refusé des emplois, j’ai refusé l’admission dans une bonne université hollandaise, chaque fois même après avoir postulé avec des lettres de motivations engagées, en espérant de tout mon coeur au moment de les écrire que je serais prise. Souvent, je crois vouloir quelque chose et cela s’avère n’être pas le cas.
Je ne peux pas abandonner maintenant. J’ai été trop loin. Ce ne serait pas juste. J’ai trop vu et j’en sais trop, pour faire demi-tour maintenant. J’ai choisi ce fardeau et je dois l’honorer. Le privilège que j’ai eu de parcourir les routes du monde doit détenir un sens.
Oui, comme tout le monde, je veux seulement être heureuse. Mais je sais que je ne le serai pas en restant comme je suis, même si je ne le serais pas ainsi non plus. Je ne crois pas pouvoir totalement être heureuse tant que le monde sera ce qu’il est. Et je ne crois pas non plus vouloir que cela change.
Tout le monde aura une opinion à propos de ce que je devrais faire….
mais à la fin, je me connais… Je suis l’écrivain de ma vie.
🙂
Bon, j’admets que c’était quelque peu ridicule de perdre la tête ainsi à propos d’un emploi que je n’ai même pas eu, pour finir, mais je me rends compte que cela dit beaucoup à propos de moi-même. Le fait que, alors que j’étais confrontée à une telle situation, j’ai réagi de cette manière, veut dire beaucoup. Je crois que je ne devrais pas l’ignorer, ou je risque de rester coincée dans une situation très confortable, mais misérable.
En ce moment, je fais de mon mieux pour avancer dans la vie sans laisser ces questions trop me peser. Je l’ai fait depuis un moment maintenant, et mon ancienne moi me manque un peu. Celle qui prenait les choses plus à coeur. Qui était prête à prendre des risques pour les choses qui lui tenaient à coeur. Pas celle qui choisit le confort ou la facilité.
Mais la Vie en elle-même n’est pas confortable.
Autant lui donner du sens.
Pourquoi pas?
(Ceci dit, j’ai quelques projets très chouettes qui m’attendent et qui viennent tout juste d’apparaître dans ma vie après que j’ai écrit tout cela, et ils semblent me mettre sur les chemins que je désirais. Je suis impatiente de partager tout cela avec vous très bientôt. Vous allez d’ailleurs sûrement voir un peu plus de moi dans les prochaines semaines. Je vous tiendrai au courant!)