Bonjour!
Je vous écris à nouveau depuis Onda, au terme d’un petit tour d’Équateur d’environ un mois en très bonne compagnie. Forcément, pouvoir se poser un peu, ça aide pour rassembler ses idées et trier ses photos.
Je n’ai pas l’impression d’être partie très longtemps, et pourtant, j’ai eu l’opportunité de voir plein de belles choses durant ce petit voyage improvisé. Même s’il me reste encore beaucoup à découvrir de ce pays, je suis contente d’avoir pu l’explorer plus en profondeur, après avoir passé autant de temps ici.
Mes explorations équatoriennes au-delà de la province de Manabí, où j’ai séjourné durant presque quatre mois entre Puerto Lopez et Las Tunas, ont ainsi commencé avec un séjour d’un peu plus d’une semaine à Cuenca. Là-bas, je travaillais quelques heures par jour dans une auberge qui me servait de bonne base pour marcher longuement dans ce petit bijou de ville.
Cependant, après avoir partagés des moments si forts avec tous mes amis d’Onda, je n’ai pas tardé à me sentir un peu seule, là-bas, ce qui m’a poussée à revenir peu de temps après mon départ. Après une belle marche dans le parc national El Cajas, à plus de 4000 mètres d’altitudes, je suis revenue juste à temps pour l’ouverture officielle, avec la fierté de ramener avec moi le tout premier client de l’hostel que nous avions tous passé des semaines à préparer.
Quelques semaines plus tard, je me rendais à Manta pour une courte virée qui m’a permis de revoir Shaun, qui était lui aussi volontaire à Onda, mais surtout d’étendre mon visa pour trois mois supplémentaires. Avec toutes ces belles rencontres et tant de choses qui me restaient à voir, je n’étais pas prête à quitter ce pays de sitôt.
En effet, l’Équateur a beau être un petit pays comparé au reste de la région, il recèle néanmoins de lieux magnifiques et fascinants à découvrir. Lors d’un tour de la ville de Guayaquil, à mon arrivée quelques mois plus tôt, mon guide m’a ainsi appris que je me trouvais dans l’état avec le plus de biodiversité au monde par kilomètres carrés. Par exemple, il n’a beau représenter que 0.2% de la masse terrestre, il abrite 16 % de toutes les différentes espèces d’oiseaux au monde. Rien que ça.
J’ai eu la chance d’apprécier l’une de ses régions côtières pendant une durée considérable, mais il n’y a pas que l’océan qui vaut le détour, ici. Le pays est traversé du nord au sud par les Andes, qui abritent de nombreux volcans. Et à l’est, on peut y découvrir la richesse de ses jungles amazoniennes. Autant vous dire que j’étais plutôt excitée à l’idée de rejoindre Shaun à nouveau, quelques semaines plus tard, pour parcourir ensemble le pays durant un mois avant de revenir à Onda pour un ultime séjour.
Sans plan précis autre que celui d’improviser au fur et à mesure, nous avons décidé de nous rejoindre à Otavalo, une ville de taille moyenne nichée entre plusieurs volcans, au nord du pays (lieu de rencontre pratique, puisque Shaun revenait d’un séjour en Colombie). Ce petit trésor des Andes est connu pour son marché traditionnel à ciel ouvert, le plus grand d’Amérique du Sud. Nous logions dans une petite auberge tenue par une famille indigène adorable, qui se trouve un peu au-dessus de la ville, nous offrant ainsi des vues spectaculaires au quotidien.
Ce nouveau départ, tombé à pic après avoir souffert à nouveau de problèmes de santé m’ayant immobilisée durant mes derniers jours à las Tunas, m’a inspirée à ressortir mon fidèle petit carnet de voyage pour y annoter ces sensations nouvelles…
05.02
“Nous sommes le 5 février, et j’ai l’impression de ressentir la présence de l’hiver pour la première fois cette année. Certes, il y a eu ma petite escale à Cuenca, à la fin de l’année passée. Là-bas, l’air plus froid et la saison des fêtes me rappelaient souvent à Beyrouth. Un autre temps, une autre vie. Cette fois-ci, j’ai quitté Onda pour plus longtemps, même si je n’étais pas encore prête à dire au revoir pour de bon. Le changement de température est plus brutal à Otavalo, et la dizaine de degrés perdues semblent pénétrer sous ma peau, de manière étonnamment stimulante. Ça me fait du bien de changer d’air, je crois qu’il était temps. C’est important, de quitter régulièrement sa zone de confort. Et puis, à cause de mon incapacité à travailler là-bas cette dernière semaine, je commençais à tourner en rond. Ici, la vue est splendide. Elle me rappelle au monde immense et magnifique qui se trouve au-delà des murs de ce que je considère comme ma maison, ma maison d’un temps, mais une maison à laquelle je sais maintenant pouvoir revenir et y retrouver la chaleur d’un foyer. Malgré cela, je suis à nouveau toute excitée de pouvoir poser mes yeux curieux sur des paysages nouveaux, discuter avec des personnes évoluant dans une réalité différente et découvrir les spécificités locales de la culture indigène qui imprègne les montagnes, les lacs, les volcans et autres cascades d’ici. Enfin, je suis en route pour découvrir l’Amérique du Sud et les nombreux trésors qu’elle recèle. Je suis aussi accompagnée, cette fois. Par un concours de circonstances improbables, l’Univers a mis cet être si lumineux sur mon chemin. Encore une fois, je suis à l’aube d’un nouveau chapitre de mon histoire. Prête à l’écrire…”
J’ai adoré découvrir le lac Cuicocha. Nous en avons fait le tour en cinq heures, de quoi me dégourdir les jambes après plusieurs semaines de relative immobilité.
Étant tous deux voyageurs de longue date, il nous a paru naturel de prendre notre temps pour absorber les paysages et la culture des lieux que nous visitions. Nous n’étions pas pressés et préférons éviter de nous épuiser en tentant de tout voir en quelques jours, surtout que nous avions chacun un travail régulier à fournir; je suis toujours étudiante à distance, et Shaun planche sur un diplôme pour enseigner l’anglais. Pour cette raison, nous avons quitté Otavalo après une semaine très agréable, à rencontrer du monde, discuter avec les locaux, découvrir des spécialités culinaires (dont des pierogis polonais!) et même écouter un concert de rock indigène. Shaun est Australien, mais nous parlons les deux espagnol, ce qui facilite grandement nos voyages dans cette région du monde, bien qu’ici, la première langue de beaucoup est le kichwa.
Au terme de notre séjour à Otavalo, nous nous devions de passer quelques temps dans la capitale du pays. Nous nous sommes ainsi rendus à Quito, logeant dans une auberge du joli centre historique de la ville.
Là-bas, nous avons eu l’occasion de rencontrer des nouveaux amis, mais aussi de revoir des anciens, dont Vero, l’une des volontaires présentes au tout début de l’expérience Onda, ainsi qu’André et Ilaria, qui se rendaient en Colombie. Nous avons tous partagés des moments magiques à Las Tunas, et c’était super de se revoir dans un environnement aussi différent.
Depuis Quito, avec l’un de nos nouveaux amis, nous nous sommes rendus au ‘milieu du monde’ (‘La Mitad del Mundo’), une ville construite pile sur l’équateur. Enfin… presque. Au XVIIIème du siècle, une équipe de scientifiques français se sont rendus ici afin de déterminer la ligne équatorienne. A l’époque, ils n’avaient pas de GPS, du coup ils se sont trompés de 200 mètres. Pas mal pour les moyens de l’époque, quand même. Et puis c’était un peu tard pour changer, ils y ont construit un joli monument et rempli le lieu de divers musées et magasins. Quant à nous, nous n’étions pas encore au courant, alors nous avons marché entre les hémisphères et pris des photos comme tout bon touriste qui se respecte. Ce fut une chouette journée.
Quito nous a plu, mais Quito est une grande ville et la zone où nous étions pas toujours très rassurante (surtout le soir), et après autant de temps passé près de l’océan dans le contexte le plus tranquille qui soit, nous nous réjouissions de pouvoir nous rapprocher à nouveau de la nature. Ainsi, la prochaine étape de notre parcours nous attendait à Tena, petite ville aux abords de la jungle amazonienne. Et ce n’allait pas être n’importe laquelle étape… Elle aura demandé un peu de préparation. En effet, pour faire ce que nous allions faire à Tena, il nous aura fallu suivre un régime plutôt restreint, notamment sans alcool, chocolat, ou viande. Ça tombe bien, j’avais quelques mois d’entraînement derrière moi à ce niveau-là. La raison de ces restrictions, c’est que nous devions préparer nos corps afin d’accueillir une expérience spéciale avec une plante considérée comme une médecine très puissante dans la culture indigène de cette région du monde.
Les initiés l’auront compris, nous avons choisi de faire une retraite d’Ayahuasca, guidé par un chaman, dans la jungle. Je l’ai fait avec l’idée (et l’espoir!) de guérir les nombreux maux physiques qui empoisonnent mon corps depuis un certain temps déjà, frustrée à de nombreuses reprises par la médecine moderne. Ces cinq jours séparés du monde auront été un voyage en soi, lui-même faisant partie d’une longue quête de plusieurs mois. Il y a beaucoup à dire, et pour cette raison, je vous raconterai tout cela dans un prochain article.
C’est donc l’esprit et le corps reposés que nous avons émergé de la jungle, transitionant doucement avec la ‘civilisation’, celle que nous avons eu l’impression avoir laissé derrière, à Tena. Nous y sommes restés un jour de plus, histoire de donner du temps à nos organismes de se remettre de cette expérience profonde et enrichissante.
La prochaine étape n’aura pas été des moindres, puisque nous avons fini à Baños, l’une des plus fameuses destinations touristiques du pays. Voilà effectivement la première impression que j’en ai eu à notre arrivée, d’ailleurs, en parcourant la distance qui séparait l’arrêt de bus à notre auberge. L’endroit était bondé, bruyant, rempli d’établissements destinés au touristes ainsi que de cafés et restaurants internationaux. Il faut dire que nous sommes arrivés durant carnaval, une fête très populaire ayant attiré plein de monde pour l’occasion (surtout des Équatoriens!). Ici, la tradition, c’est de se livrer une grande bataille d’eau et de spray moussant à ciel ouvert.
Pourtant, j’ai vite compris l’enthousiasme que ce lieu inspire chez la majorité des voyageurs l’ayant visité: la nature qui l’entoure est magnifique. Tout un tas d’activités stimulantes et amusantes y sont proposées. Ainsi, durant quelques jours, nous avons fait de la randonnée, du vélo, du rafting et même une tyrolienne, tout ça dans un cadre idyllique. Un soir, nous avons aussi rejoint Angela, avec qui nous avons partagé des moments très spéciaux dans la jungle, afin de profiter des bains thermaux qui donnent son nom à l’endroit. Quelle dure vie!
Il est maintenant temps pour nous de revenir là où tout a commencé, afin de reprendre des forces et préparer la suite pendant quelques semaines. L’occasion pour moi de refléter sur le mois qui vient de se dérouler…
Un mois qui n’aurait jamais été aussi magique si je n’avais pas été en si bonne compagnie. La vie m’a offert un très beau cadeau en mettant ce petit ange sur mon chemin, et je ne pourrais pas être plus comblée. Chaque jour m’apporte son lot de rires, de découvertes, de moments de partage et de vulnérabilité… ainsi que plus récemment, quelques décisions importantes pour la suite (mais j’ai appris la leçon, cette fois, et je vais attendre un peu avant de vous les annoncer!). Nous avons été comblés en ce qui concerne toutes nos activités, tous nos repas, toutes nos rencontres.
Merci Shaun, Merci Ecuador ❤
Pour l’instant, je vais profiter de ces derniers moments de bonheur aux côtés des gens que j’aime, avant d’affronter la prochaine grande vague de ma vie, celle qui me ramènera sur mon continent d’origine et vers de nouveaux horizons. Je ne sais pas encore où elle m’emmènera exactement, mais je prends un plaisir fou à la surfer.
Je suis heureuse!
Quel bonheur, je suis vraiment reconnaissante que toutes ces péripéties m’ont emmenées où je suis aujourd’hui. A nouveau, avec une certaine perspective, la vie me montre où elle voulait en venir avec les épreuves mises sur mon chemin.
Allez, bisous les amis! A bientôt pour un autre article, sur un voyage plus intérieur cette fois…