17.08.2015

“Dans quelques heures, c’est mon anniversaire. Je sais, ça ne veut rien dire en fin de compte, mais pour moi ça a de l’importance. Ca me rend un peu émotive. Il faut dire aussi que les dernières heures ont été pleines de rebondissements et voilà, par un concours de circonstances, je dois partir à Budapest dans une dizaine de jours. C’est l’université que je veux faire qui me demande ça, je dois être en Europe d’ici le 1er septembre si je veux m’inscrire. Ainsi, quelques coups de fil et réservations plus tard, je pars bientôt à Budapest. Pas eu le temps de souffler, je suis rentrée aujourd’hui de mon trek de cinq jours à cheval, en compagnie de deux filles supers. Elles sont françaises, Laura et Mélia. Nos visions de la vie et du monde sont très similaires. Ça me fait du bien de passer du temps avec des personnes comme ça. Je dirais presque que ça me redonne foi en l’humanité, mais ça serait un peu bateau, et puis, je l’ai déjà, malgré tout. Demain, avec leurs hommes, ils vont m’initier au parapente si le temps le permet. C’est vraiment sympa de leur part. Ça sera bien de passer cette journée avec eux, parce que c’est le genre de journée où mes proches me manquent plus que d’habitude. En plus, je crois bien que c’est la première fois où je ne serai pas en Suisse pour mon anniversaire. L’année passée,avec des amis, on avait été camper, et on m’a offert un saut à l’élastique. Je n’arrive pas à croire que ça fait un an… Tellement de choses ont changé. Et maintenant, je suis dans ma petite cabane en bois, toute seule, en Mongolie. Je ne suis pas malheureuse, au contraire. Mais je suis seule. En fait, pour être honnête, j’apprécie cela, parce que ça faisait longtemps que je ne m’étais plus retrouvée complètement seule. Atle est une personne très chouette mais il était temps qu’on se sépare, je crois que je ne suis vraiment pas faite pour rester avec la même et unique personne pendant plus de quelques jours. Pas avec n’importe qui en tous cas. Alors maintenant, je suis seule et l’heure vient de changer, j’ai officiellement 22 ans.”

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19.08.2015

“Je me sens heureuse. Je me sens tellement, tellement heureuse. Ça fait tellement du bien. Je ressentais le besoin de l’exprimer. Hier, j’ai passé une super journée. J’ai eu le  plein de conversations très intéressantes. Ça a commencé avec un Français qui voyage depuis plus d’un an; il comprenait que passer son anniversaire de cette manière se vit de façon un peu bizarre. Ça te fait encore plus philosopher dans ta tête que d’habitude (parce que oui, quand tu voyages, tu philosophes presque tout le temps). On a donc discuté de tout ça, de notre choix de partir, de la difficulté à se remettre dans “son ancienne vie” au retour, de l’incompréhension des autres, de ne pas se sentir à sa place dans la norme, de ne pas vouloir de cette vie-là. Ces conversations me font toujours un bien fou car, contrairement à “chez moi” (à quelques exceptions près), je me sens comprise. C’est une des choses que j’adore dans le fait de voyager: tu rencontres des gens animés par les mêmes motivations que toi, qui sont passés par les mêmes questionnements, les mêmes états d’âmes. Et alors, tu n’es plus celle qui rêve constamment de nouveaux horizons, qui se sent en décalage avec tout et tout le monde. Non, tu es là où tu dois être, parmi les tiens, parmi la grande famille des “backpackers”. Et ça a continué, dans la journée, j’ai discuté avec une fille qui est partie sans diplôme, une autre qui a quitté sa vie stable et son boulot de publicitaire car il n’était pas en accord avec ses valeurs.Il y a quelque chose que nous avons tous en commun, et il n’y a pas besoin de voyager pour ça: le rejet des normes établies de la société, le fait de ne plus vouloir continuer à faire carburer la machine infernale qu’est le système capitaliste, de ne plus vouloir se mentir à soi-même. D’y croire aussi, croire que les choses peuvent changer, et que pour ça il faut commencer par se changer soi-même. De ne plus vouloir qu’avoir un bon boulot, un statut, de l’argent soit le moteur de notre vie, d’être motivés par de la compassion et de l’amour, un amour infini pour les autres, pour notre belle planète et ses créatures. Ce n’est pas un hasard que j’ai eu autant de conversations de ce type ce jour-là, elles sont venues sur mon chemin pour me rassurer, pour me confirmer que je suis sur le bon chemin, pour me rappeler que l’illusion de sécurité que j’ai sacrifiée ne m’aurait jamais rendue heureuse comme je le suis aujourd’hui car nous ne sommes pas faits pour être des esclaves de ce système inhumain. Nous sommes faits pour être libres. Je suis libre.”

Change, by Tracy Chapman

La petite fille des gérants de MS guesthouse fêtait son anniversaire le même jour que moi. Ils m’ont donc invitée à participer à la petite célébration préparée pour elle; quelle générosité! J’ai été comblée. Merci!

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