Ça y est, il est l’heure de rentrer, après un peu plus d’un mois sur la route.
(techniquement, je suis déjà rentrée il y a plusieurs semaines, mais j’ai écrit ce texte à ce moment-là alors faisons comme si de rien, d’accord?)
Cette fois, ma vieille compagne m’a emmené en Italie, au Danemark, en Allemagne et en Pologne, l’occasion de rendre visite à des amis qu’on a en commun, elle et moi. Ces quelques semaines m’ont aussi permise de rassembler le courage et l’inspiration nécessaires pour raconter notre histoire mouvementée.
En effet, la Route et moi, on a une relation un peu compliquée.
Au début, je la regardais de loin, timide et admirative, rêvant des destinations vers lesquelles elle m’emmènerait un jour.
Quand je l’ai finalement embrassée pour la première fois, elle a surpassé tous mes désirs les plus fous. Elle a été tout ce dont je n’avais jamais osé rêvé. Grâce à elle, je me suis enfin sentie vivante.
Et puis forcément, comme pour toute relation passionnelle, notre période de lune de miel n’a pas duré éternellement.
Les premiers temps, les changements ont été subtils. Ce qui me faisait vibrer auparavant a cessé de me procurer autant de sensations fortes. La boule au ventre face à sa beauté et à sa puissance s’est fait sentir de moins en moins fort, de moins en moins souvent. J’ai peu à peu aperçu ses côtés les plus sombres. Cela m’a parfois effrayé, parfois laissée perplexe… et ma patience pour elle a doucement commencé à atteindre ses limites.
Mais je n’ai jamais cessé de l’aimer. Malgré les vagues, j’avais encore très envie de naviguer dans ses eaux. J’avais trouvé l’amour de ma vie et rien ni personne ne pourrait me l’enlever.
J’étais avec elle quand je suis tombée amoureuse de quelqu’un d’autre, plus d’une fois, une fois plus que d’autres.
C’est alors que les choses ont réellement commencé se gâter. La Route est jalouse, elle ne se laisse pas si facilement partager. Elle m’a donné un ultimatum: ce serait elle ou eux.
Fidèle, j’ai toujours su que je finirai par la choisir, elle. Car sans elle, je ne savais pas qui j’étais.
Alors, pour elle, j’ai sacrifié beaucoup. J’ai renoncé à beaucoup d’autres histoires d’amour et à la facilité d’un quotidien plus tranquille mais moins enivrant.
Lorsqu’elle m’a laissé tombé, je l’ai haïe. Pas de la même manière que lors de nos petites disputes régulières, non, avec une intensité qui équivalait l’amour que je lui avais porté toutes ces années. Je lui en ai tellement voulu de m’avoir amenée là où j’étais, seulement pour me laisser seule et triste.
J’avais perdu le Grand Amour, celui fait de chair et d’os, et aussi celui que je croyais ne pourrait pas m’abandonner comme un coeur humain le pourrait.
Comme à la fin de chaque histoire d’amour, mon coeur humain à moi s’est retrouvé brisé en milles morceaux. Je m’en suis tellement voulu d’avoir tant sacrifié pour elle, elle pour qui soudain il était si facile de me laisser dépérir sans pitié.
Perdre son amour m’a permis de réaliser la valeur de l’amour que j’avais eu l’honneur de ressentir pour d’autres. Des personnes qui ne pouvaient certes pas être toutes les réponses à questions, des personnes qui ne pourraient pas me rendre éternellement heureuse ni ne jamais m’abandonner.
Mais la Route non plus ne pouvait pas faire cela.
Alors, en me le montrant, elle m’a finalement enseignée la forme d’amour la plus importante de toutes.
Je crois que j’ai commencé à réellement apprendre à m’aimer le jour où j’ai décidé de faire la paix avec la Route. En la reprenant, en lui donnant une seconde chance, plus doucement cette fois.
En fait, elle aussi était fidèle. Elle ne m’avait jamais vraiment quitté, elle voulait simplement que je la traite un peu mieux, que je cesse de la prendre pour acquis.
Elle était là, tellement belle et simple, ne demandant qu’à l’apprécier, sans toutes les attentes impossibles à réaliser que je lui avais imposé pendant toutes ces années.
Aujourd’hui, nous avons une relation moins fusionnelle. Je n’attends plus d’elle qu’elle m’apporte toutes les réponses. Je suis préparée à l’idée qu’elle va encore me décevoir plus d’une fois, mais je choisis quand même de l’aimer. De l’accepter telle qu’elle est et de cesser d’essayer de la façonner à l’image de ce que je voudrais qu’elle soit.
La Route m’a tellement appris, tellement donné et tellement pris, aussi.
Notre histoire d’amour est vraiment belle.
Au retour d’un nouveau mois en sa compagnie, je me sens apaisée. Les liens se font, les évènements prennent leur sens. Mais le quotidien continue, avec son lot de hauts, de bas, de moments forts comme de jours de repos.
J’ai repris la plume pour enfin raconter en détails l’histoire d’amour que je vous ai brièvement présenté ici. Et puis, quand j’aurais fini de l’écrire, je crois que cela sera la fin de quelque chose. Je crois que cela fera de la place pour débuter une nouvelle histoire.
Je ne suis plus la même personne que la jeune femme qui a un jour décidé de tout quitter pour partir vivre ma passion avec la Route.
Celle qui a crée ce blog et qui y a posté un premier article annonçant que ça y est, le jour était arrivé de partir.
Je ne peux m’empêcher de voir dans ces mots et dans le projet de second roman que je compte bien achever dans les prochains mois une métaphore de boucle bouclée, une sensation de page à tourner.
Et puis, je sais que ce n’est pas tout à fait le cas, car l’histoire ne s’achève jamais tout à fait vraiment.
Pas tant que je suis en vie pour la raconter.
❤