Bonjour!

Ça fait un bail, mais comme vous pouvez le voir, j’ai été occupée à préparer le reconception complète de mon blog. Je suis donc très heureuse de pouvoir partager cet article avec vous sur mon tout nouveau site web. J’espère qu’il vous plaira ! 🙂

D’accord, pour être totalement honnête avec vous, ce n’est pas la seule raison pour laquelle je n’ai rien écrit ici depuis quelques mois. La vérité, c’est que je n’ai pas eu beaucoup d’inspiration ces derniers temps. Je n’arrivais pas à m’asseoir avec moi-même, et mettre des mots sur les idées qui me traversent l’esprit. Les écrivains qui me lisent sont certainement très familiers avec cette situation ; un cas typique du syndrome de la page blanche.

Déjà, je ne suis pas particulièrement fan de l’idée de devoir écrire uniquement dans le but de “créer du contenu” (ce qui n’est pas très compatible avec la manière dont fonctionne internet actuellement, je le sais bien), mais j’ai parfois tendance à verser dans l’extrême inverse. La raison principale de cela n’est pas que je n’ai rien à dire… j’ai presque toujours quelque chose à dire. Au contraire, je peux souvent rejeter la faute sur la procrastination ou sur le fait d’être trop occupée par d’autres activités. Mais cette fois-ci, je me suis trouvée quelque peu paralysée par tous les évènements bouleversants qui ont eu lieu dans le monde depuis le début de l’année, et le fait que tout ce que j’aurais à dire à propos de tout ça, ou de mes petits problèmes, pourrait sembler bien dérisoire et même non pertinent en comparaison.

En effet, j’ai encore du mal parfois à gérer cette petite voix peu sûre d’elle qui me dit : “Qui es-tu pour croire que ce que tu as à dire est important, et qui voudrait lire tes bêtises de toute manière ?” Et je suppose que c’est aussi en partie pourquoi je suis sur le point d’aller faire un master en journalisme international : non seulement je vais m’éclater à étudier quelque chose qui me passionne, mais je pense que de choisir “officiellement” cette voie me donnera aussi, je l’espère, un certain sentiment de légitimité.

En attendant, j’ai néanmoins décidé de confronter les raisons pour lesquelles j’ai repoussé cet exercice d’auto-exploration pendant si longtemps. Alors mettez-vous à l’aise, car si vous êtes encore là, cela signifie probablement que (pour une raison obscure qui m’étonne encore) vous appréciez lire toutes mes pérégrinations mentales, et celle-ci ne fait que commencer.

28.09.20

“2020. Quelle année cela a été. Bon d’accord, oui, je sais, on est encore en septembre. Mais moi, j’ai quand même envie de déjà refléter sur cette année de tarés. En plus, j’ai suivi un calendrier étudiant pratiquement toute ma vie, alors l’automne, ça reste quand même un peu le début d’une nouvelle année.

Tout paraît différent. Je sais pas vous, mais moi, des fois, je me sens nostalgique du monde d’avant. Malgré tout, si je reflète sur les mois écoulés, je peux affirmer sans peine qu’ils ont été vraiment transformateurs. Dans leur brutalité au niveau global, ils ont en même temps été réparateurs, et m’ont apporté beaucoup de sérénité au niveau personnel.”

Il est vrai que même s’il n’y a pas eu énormément de mouvement dans ma vie depuis un certain temps, je sens que cette injonction mondiale à ralentir m’a permise, avec du recul, de me recentrer sur moi-même et d’intérioriser toutes les précieuses leçons découlant de mon séjour sur le continent américain. Aujourd’hui, je réalise avec gratitude que je parviens petit à petit à me libérer d’un certain nombre de traumatismes ayant moulé sans que j’en sois consciente l’identité que je me suis construite au fil des années. Une identité qui a été également été programmée en moi durant mon enfance et mon adolescence, et dont j’apprends lentement à défaire les nœuds afin de tisser de nouveaux liens plus solides, plus sains.

Quand je me compare avec celle que j’étais il y a dix ans, je me reconnais à peine. J’avançais dans la vie avec une voix intérieure qui décortiquait le moindre de mes gestes, de mes paroles ainsi que des traits de mon physique pour les rabaisser à longueur de journée. Cette voix reste encore parfois critique, mais notamment grâce à l’écriture, j’ai appris à m’en faire mon alliée, au lieu de lutter constamment contre elle comme une ennemie. Et ça, ça change tout absolument tout.

Cette perspective m’offre de nombreuses réalisations. L’une des plus importantes, c’est probablement le fait d’avoir parcouru le monde avec des plaies béantes, dégoulinantes de tristesse et de douleur pendant tout ce temps, convaincue que j’étais bien trop “abîmée” pour que je connaisse une autre manière d’être. J’étais en lutte constante contre ces blessures, sans savoir que si je prenais vraiment le temps de les regarder, de les soigner, elles pourraient un jour se refermer. J’avais accepté le fait que je ne serai jamais en paix avec moi-même, que c’était comme ça, que j’étais venue dans ce monde avec un cerveau dysfonctionnel, un cœur trop fragile.

Cela ne veut pas dire que je me suis totalement libérée de mes démons. Je ne suis pas “cassée”, mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas des tendances naturelles à tout ressentir de manière exacerbée ou à des pensées en arborescence qui tournent en permanence à une vitesse folle dans ma tête, de la même façon qu’on ne peut pas changer ses prédispositions génétiques. En fait, ce qui a changé, c’est le regard que je porte sur ces aspects de ma personne. J’apprends à les intégrer au lieu de les refouler, ce qui me permet de mieux me connaître, de comprendre toutes ces choses qui m’ont fait tellement de mal pendant tellement longtemps, d’être moins dure et exigeante envers moi-même.

Certes, c’est un travail de toute une vie. Beaucoup de choses m’affectent encore, et je ne déborde pas de joie constamment. Mais au moins, je ne déborde plus de peine à chaque seconde non plus. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, c’est comme d’enlever un sac de 20 kilos qu’on a porté sur son dos toute sa vie, sans savoir qu’il était possible de marcher sans. Tout est tellement plus léger.

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Bien sûr, il y a encore quelques cicatrices. Mon corps, par exemple, garde les traces de ces années de souffrances, et je crois qu’il lui faudra encore pas mal de temps pour s’en remettre. J’attends, parfois plus patiemment que d’autres, tout en essayant de lui faciliter la tâche. Comme pour l’esprit, le bien-être ne se manifeste pas à coups de feux d’artifices ou de gestes grandioses qui changent un destin, du genre de ceux que j’ai tendance à provoquer dans ma vie. Non, la santé se construit petit à petit, à son rythme, une leçon après l’autre à coup d’expériences et de limites franchies qui nous poussent à mettre un frein à nos comportements nocifs.

Ces temps-ci, je dois avouer avoir été très fatiguée, physiquement ralentie. Il faut dire que 2020 a amené son lot d’informations bouleversantes que, je crois, nous sommes tous encore un peu en train de digérer.

Et oui, ils s’en sont passées des choses, depuis l’automne dernier. Je ne désire pas vraiment alimenter la conversation sur la pandémie, tout et son contraire a déjà été dit sur le sujet. Cependant, je suis profondément attristée de constater les changements profonds que ce virus a imposé sur nos sociétés. On aurait pu croire que de vivre un tel traumatisme collectif aurait pu renforcer nos liens, mais j’ai bien peur d’observer un monde plus divisé que jamais, où les uns accusent ceux qui osent questionner toutes les mesures contradictoires qui ont été prises de monstres sans cœur, et les autres traitent ceux qui ne veulent que bien faire de moutons sans cervelles. Ce qu’ils ne voient pas, c’est que les véritables responsables de cette situation ont à nouveau réussi à rejeter la faute sur un peuple qui, d’un côté ou d’un autre, n’a au final qu’une compréhension et un pouvoir très limités face aux profonds enjeux impliqués. Un monde où nous sommes restreints dans nos mouvements, où nous sommes tous supposés vivre dans la peur des autres, ce n’est pas exactement ce que l’utopiste en moi avait imaginé pour l’avenir.

J’avoue avoir aussi été particulièrement touchée par les explosions dévastatrices de Beyrouth. J’ai beaucoup repensé à mon temps passé là-bas, aux enseignements de l’histoire tourmentée de ce pays et de son peuple incroyablement résilient. Les Libanais ont déjà vécu tellement, ils ne méritent pas cette nouvelle injustice venue se greffer à toutes les autres.

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Que dire de tout le reste, les horreurs du racisme systémique exposées au monde, les menaces politiques entre de grands acteurs internationaux, la marée noire de l’Île Maurice, la découverte de l’étendue des camps de travail forcé dont les Uyghurs sont victimes en Chine, l’incendie dans le camp de Moria en Grèce laissant des milliers de personnes vulnérables livrées à elles-mêmes, emprisonnées dans un système inhumain, les ciels devenus rouges, et j’en passe. En faire une liste exhaustive serait une tâche bien longue et déprimante.

On ne va pas se mentir, tout ça, c’est un peu difficile à avaler. Pour l’instant, l’avenir s’annonce bien incertain; les conséquences de toutes ces crises ne font à mon avis que commencer à se faire réellement ressentir. Et plus j’y réfléchis, plus je me renseigne, moins je ne peux m’empêcher de penser que la relation malsaine que nous avons quasiment tous développé avec les réseaux sociaux ne nous aide pas du tout, au contraire. Nous sommes tellement manipulés par les algorithmes que nous les laissons creuser de plus en plus profondément le fossé qui sépare les gens qui ont des opinions différentes. Nous sommes devenus complètement intolérants aux idées contraires aux nôtres, à tel point que j’ai parfois l’impression que nous en oublions notre humanité.

Si nous voulons aller de l’avant, nous ne pouvons pas continuer sur cette pente dangereuse qui nous divise. Sérieusement, vous avez vu les commentaires sur Facebook, dernièrement, sous les posts abordant des sujets “chaud” comme le racisme, le féminisme, l’écologie, les masques et j’en passe? Tout le monde crache son poison en oubliant qu’il y a de vrais être humains de l’autre côté de nos écrans. Comment diable sommes-nous censés régler tous les problèmes auxquels nous faisons face si nous ne sommes même plus capable de témoigner d’un minimum de respect et d’avoir une conversation sans traiter l’autre de tous les noms, si nous ne pouvons pas surmonter cette mentalité qui consiste à haïr quiconque ne pensant pas de la même manière que nous?

Moi, dans tout ça, j’ai préféré m’isoler un peu. Je n’ai pas trop voulu participer publiquement aux conversations, car je ne veux pas alimenter toute cette violence gratuite. J’ai créé ma petite bulle protectrice, je travaille sur moi-même. Je suis même partie marcher seule, durant quelques jours.

“Pourtant, on doit bien l’affronter tôt ou tard. Je crois que depuis que le monde a changé, j’ai été un peu dans la fuite, quand même. Je n’ai pas beaucoup écrit, par exemple, et je sais que quand je ne le fais pas, c’est que je ne suis pas complètement connectée à moi-même.

Vous voyez, j’appréhende la vie d’une certaine manière comme un grand puzzle. J’en collecte les pièces au travers de mes interactions avec le monde, laissant ainsi apparaître petit à petit une image qui n’a de cesse de grandir et de prendre d’autres formes. Pour ce faire, je dois régulièrement me poser face à moi-même, et réassembler les pièces. Cela fait partie du processus. Dans mon cas, les pièces sont des mots que je relie entre eux de bout de mon stylo. J’ai parfois l’impression que ce n’est pas tout à fait moi qui écris, lorsque les phrases jaillissent sans que je n’ai aucun contrôle apparent dessus. Cette part de moi bouillonne, et je dois avouer que j’en ai encore peur.

C’est une autre part de moi qui décide ensuite de publier ces mots, de les partager avec vous. Là, maintenant, tout de suite, ils n’appartiennent qu’à moi. Mais quand vous lirez ceci, ils ne m’appartiendront plus tout à fait. Et oui, vous êtes là. Même si vous ne l’êtes pas vraiment, la perspective que vous me lisiez influence le choix de mes mots. Elle influence aussi ma fréquence d’écriture, les attentes que je place sur cette forme d’expression si fondamentale à mon bien-être.

Mais je n’ai pas envie de mêler l’intimité de mes mots à la superficialité des réseaux sociaux. Je n’ai pas envie de devoir vous raconter des conneries en posant en bikini devant un #coucherdesoleilparfait pour vous vendre des cosmétiques ou mon dernier ebook intitulé “Comment atteindre le million de followers”, parce que je pense qu’il y a des messages bien plus importants à véhiculer dans le monde actuel. Ce que j’ai là, entre moi et moi, ce regard à l’intérieur qui me permet de relier les points, assembler les pièces, je n’ai pas envie de le sacrifier au profit des machines qui nous manipulent à longueur de journée. C’est trop précieux. Ensemble, on arrive à faire sens de toutes les horreurs, des merveilles aussi. On met les morceaux du puzzle les uns à côté des autres, et on raconte une histoire.”

Dans un monde où tout ce qui est partagé en ligne est sélectionné au préalable afin de capter l’attention des algorithmes ainsi que de nos esprits en constante recherche de la prochaine distraction, j’ai tout le temps l’impression de nager à contre-courant. Alors, je joue un peu le jeu quand même, je me mets à la page gentiment (à l’image de ce nouveau site tout beau tout neuf) tout en refusant catégoriquement de sacrifier l’authenticité de mes écrits afin d’avoir plus de likes.

C’est peut-être pour cela que parfois, je ne publie rien pendant des mois, ou que je procrastine sur les projets qui me tiennent tant à cœur. Je ne veux pas jouer le jeu de devoir produire constamment du contenu interpellant, au risque de perdre ma place dans les classements de Google. Je ne jette pas la pierre à ceux qu’ils le font, je sais bien qu’il faut payer ses factures. Mais ce que je fais est trop personnel pour risquer de le dénaturer.

Alors, je choisis d’aller acquérir des outils qui me permettront de suivre une nouvelle voie, moins intime, plus universelle, qui je l’espère me permettra de continuer à explorer les mots ainsi que les maux de ce monde, afin de dire les histoires qui comptent. Peut-être qu’au final, 2020 sera pour moi le début de la réalisation d’un potentiel inexploité.

“Je suppose que c’est pour ça que je m’apprête à partir faire un master en journalisme international à Cardiff – pour pouvoir continuer à raconter des histoires, les nôtres, celles du monde. Celle qui s’écrit aujourd’hui avec l’ombre d’une pandémie planant au-dessus de nous tous.

2020. On s’en souviendra, de celle-là.”

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