Bonjour!

Pas facile de trouver des sujets à aborder ici, puisque c’est un blog de voyage et que je ne suis pas en train de vagabonder dans un pays exotique ce moment. C’est pourquoi je me suis dit que j’allais vous parler d’un aspect du voyage qui n’est pas autant glamour : le retour au pays.

Ceux d’entre vous qui ont déjà voyagé pendant une certaine période savent autant bien que moi à quel point le retour est un voyage en soi. Rentrer après des semaines, des mois, voire des années à l’étranger est une expérience difficile et parfois révélatrice. C’est un mélange contradictoire d’émotions, de la joie procurée par le fait d’être entouré à nouveau de ses proches, à la solitude immense de ne pas pouvoir tout à fait communiquer ce qu’il s’est passé en nous pendant tout ce temps.

J’ai été confrontée à ces sentiments plusieurs fois, et croyez-moi, même si ça devient plus facile, ils ne partent jamais vraiment. On apprend simplement à vivre avec, je suppose. Avec ce décalage. L’impression de ne pas être tout à fait à sa place, ni ici, ni là-bas. Celle de ne jamais pouvoir, ni vouloir, revenir à une vie “normale”. Un recul sur ce qui nous entoure, une lucidité parfois pesante. Des sentiments d’injustice, de la culpabilité par rapport à son privilège. Des souvenirs d’aventure, de liberté, d’authenticité. Des morceaux de notre coeur parsemés dans le monde, des lieux et des personnes qui nous manquent, des images dont on ne sait pas trop quoi en faire.

La première fois que je suis partie, ou plutôt, la première fois que je suis revenue après cinq mois de voyage à travers des mondes différents, je m’impatientais énormément de rentrer, de serrer les gens que j’aimais et qui me manquaient tant dans mes bras, et raconter mes histoires à tout le monde. Les désillusions sont venues plus tard, quand l’excitation est retombée et que j’ai réalisé que, alors que j’avais vécu plusieurs vies en une pendant un moment et que j’avais énormément changé dans le processus, ici, il n’y avait pas grand chose qui avait changé. La vie des gens avait continué gentiment, suivant leur chemin “normal” pour la plupart, quand à l’intérieur de moi, il y avait une tempête de nouvelles perspectives, de prises de conscience et de questions. Je ne savais pas trop quoi en faire, alors j’ai gardé mes souvenirs précieusement, quelque part au fin fond de mon âme, en me demandant parfois si ce que j’avais vécu s’était vraiment déroulé, ou si ce n’était qu’un rêve. Un long rêve magnifique qui avait pris fin à la seconde où j’avais posé le pied sur sol suisse.

Quand j’ai recommencé à voyager, une année plus tard (j’avais encore envie de rêver un peu plus longtemps), j’ai adopté une stratégie qui rendrait les retours plus faciles; je rentrerais à la maison aussi rarement que possible. En deux ans, cela a eu lieu trois fois.  Je commençais déjà à préparer la suite de mon voyage à la seconde où je rentrais dans ma chambre en bordel remplie de choses dont je n’avais pas besoin (on s’habitue à avoir toute sa vie dans un sac à dos) et que je ne voulais pas devoir gérer. Je les regardais à peine et me concentrais à voir mes amis et ma famille et profiter du confort que seule la maison de mes parents peut m’amener. Je savais que c’était temporaire, alors je me rassurais avec ça quand l’angoisse de ne pas entrer dans le moule me rattrapait, celle d’avoir un récit mental très différent de la plupart des gens qui m’entouraient.

Cette fois pourtant, les choses sont différentes. Cette fois, j’ai décidé de revenir avec une autre mentalité. J’ai choisi de me confronter avec la part de ma vie que je cherchais tant à mettre derrière moi. Plus de fuite.

Je me sens quelques fois hantée par certaines images, que je ne peux empêcher de venir frapper mon esprit, parfois aléatoirement, parfois à cause d’un mot, d’une sensation, d’une odeur. L’écriture devient alors un exutoire, mais elle a ses limites. Mon dernier article touchait à des sujets plutôt tristes, et je me creuse la tête depuis quelques temps maintenant pour savoir qu’est-ce que je pourrais bien vous raconter qui ne soit pas autant déprimant. Cet été, je me suis vraiment efforcée à prendre des mesures afin de guérir du mal-être qui me ronge. J’avais commencé à écrire un article ennuyant sur toutes les manières et les raisons pour lesquelles j’allais mieux, afin de rassurer tout le monde. Cependant, je l’avoue, je mentirais à vous ainsi qu’à moi-même si je le publiais. En vérité, c’est pas encore  la grande forme. Je vais mieux, clairement, mais je me sens encore triste et perdue. J’ai quelques traumatismes à mon actif dont je dois m’occuper.

Toutefois, les choses commencent à vraiment s’améliorer. Il n’y a pas meilleure manière de ne pas trop penser que de rester active et occupée, alors, c’est ce que j’essaie de faire. Pour me convaincre que j’ai la situation en main. J’ai trié ma chambre. J’ai trouvé un stage de secrétariat pour cet hiver, et j’ai recommencé mes études. Il y a quelques autres projets, aussi, dont un livre qui m’a occupé tout l’été. Vous savez ce qui rend tout plus facile, aussi? Les personnes incroyables dont je me suis entourée. Je peux jouer de la musique, faire du sport, rencontrer de nouvelles personnes, rire et explorer avec eux. Ils m’ont tellement aidée.

Vous inquiétez pas, je n’ai pas abandonné le voyage. Je partirai à nouveau, quand je serai plus forte, et mieux préparée. La route me manque, c’est vrai. Je sens l’appel depuis la distance, le même appel qui m’a poussé à partir en premier lieu, celui qui me dit que ma vie n’appartient pas vraiment à ici, qu’importe ce que les gens voudraient pour moi. Mais pour l’instant, je dois faire la paix avec moi-même, avec ma maison, avant de repartir.

Pour l’instant, je peux faire la touriste dans mon propre pays. Je vous en dis plus la prochaine fois. 🙂

A bientôt!

<3

One thought on “Retour à la maison

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