Ce matin, je me suis promenée dans les rues de Paris.
C’est dimanche, et tout est tranquille. A l’opposée de mon arrivée d’hier quand, bousculée de tous les côtés dans le métro, je me suis surprise à regretter ma décision d’être venue. Je n’aime pas les lieux trop bondés… mais j’aime Paris. J’ai à nouveau changé d’avis. Le serveur du café où je me suis assise est aimable, et la vue qui se présente à moi a beau être banale pour ici, je la trouve magnifique, avec toute cette architecture splendide autour. Cette ville me plaît, et j’aime ce qu’elle représente, malgré le bruit, le monde et la crasse. Le contraire de mes montagnes…
Paris a toujours été un lieu symbolique, pour je ne sais quelle raison. Cette ville a tendance à débloquer des choses en moi. Il y a un an, en venant ici, je me suis confrontée à des émotions refoulées, et j’ai mis en route un processus important. En parcourant les ruelles vides et calmes de ce dimanche matin, je me suis rappelée de tout cela, et me suis mise à repenser à Numan. Après tout, si tout s’était passé comme prévu, il serait venu ici, pour danser. Je me suis permise de rêver à l’impossible, et d’imaginer le voir sur scène. Bizarrement, cela ne m’a pas rendue triste cette fois, mais m’a poussé à penser avec compassion à mon deuil. Je réalise qu’il va et vient par vagues. Je me demande parfois si je n’utilise pas son décès comme une excuse pour rester triste. Je suis souvent triste, j’aimerais que ça change. Le monde est si beau, et il y a tant à faire. J’aimerais toujours en faire plus, et je vois ma tristesse comme une barrière à ce désir.
Tout de même, j’avance. Mardi, je m’apprête à rencontrer la responsable éditoriale des Éditions Vérone, qui vont publier mon premier livre. Cette perspective me confronte à tant de peur, tant d’insécurités… mais elle m’encourage aussi à continuer dans cette voie. C’est un rêve qu’on m’a donné l’opportunité de réaliser, et je ne peux plus reculer. J’irai jusqu’au bout, et que ça soit une réussite ou une échec, je recommencerai.
Je me suis remise à errer. L’après-Chemin a été un peu difficile pour moi, comme lorsque l’on revient à la réalité après un long rêve, comme un contrecoup, lorsque l’excitation redescend. En Suisse, j’ai commencé à reprendre une route que j’ai déjà refusée de nombreuses fois, et dans ma confusion, je suis partie pour prendre à nouveau de la perspective. Je suis heureuse d’avoir passé ces deux dernières semaines à voyager, au Danemark et en Pologne. Mes amis m’ont aidé à me souvenir de ce qui compte réellement pour moi. J’en avais besoin.
C’en est fini de vivre dans la peur. Je dois m’accrocher, continuer à travailler dur pour accomplir ce que je désire réellement, et le reste se décidera tout seul. D’ailleurs, le processus a commencé. J’ai été sélectionné pour participer à un projet très spécial: We Are Travellers.
WAT, c’est un groupe de gens partageant les mêmes idéaux, qui se sont trouvés afin de créer ensemble une émission télé. Celle-ci a pour ambition de réunir plusieurs voyageurs de différents pays, et les mener dans un périple à travers les montagnes himalayennes, en passant par l’Inde, le Népal, le Tibet et le Bhoutan. Les participants seront filmés, pour pouvoir donner un aperçu de ce qu’est le quotidien de voyageurs, qui ne se connaissent pas et découvrent ensemble une nouvelle culture. L’expérience cherche par là à montrer l’aventure du vivre-ensemble et des difficultés d’une vie simple mais enrichissante, à la rencontre de populations locales et en tentant d’apporter une pierre à l’édifice. Pas mal, non?!
Personnellement, l’idée m’a tout de suite beaucoup plue, bien sûr, car elle touche à un nombre important de mes valeurs : WAT vise à utiliser le pouvoir immense des médias afin d’inspirer les gens et communiquer des messages positifs, en rappelant notre nature commune à tous, quels que soient notre nationalité, notre couleur de peau, notre orientation sexuelle ou nos croyances. Non seulement s’est présentée à moi une opportunité rare d’explorer une région du monde que je ne connais pas encore, mais cela me donne également une plateforme où je peux m’exprimer et être appréciée pour ce que je suis, sans avoir à jouer de rôle. C’est aussi l’occasion pour moi de partager une expérience humaine et de participer à quelque chose de plus grand que moi. Le courant est tout de suite passé avec les organisateurs…
Et me voilà embarquée dans ce nouveau périple, en tant qu’écrivain. C’est une chance fabuleuse, et je suis heureuse de partager cette bonne nouvelle avec vous. 🙂
Le futur me réserve sûrement encore bien des surprises, mais pour l’instant, j’apprécie mon dimanche à Paris. Un parc, un sourire, une conversation… ce sont toutes ces petites choses qui font le bonheur, et non pas les perspectives d’un avenir qui s’annonce certes de bonne augure, mais bien incertain. Ces dernières semaines ont été un rappel qu’il ne sert à rien de se poser trop de questions par rapport à la suite, si l’on en oublie de vivre. En écrivant ces mots, je me dirige dans la direction que je souhaite, et en me trouvant ici, en mettant un pied après l’autre, je me souviens que ce qui compte c’est bien le chemin, et non la destination.
Décidément, j’aime bien Paris.
PS: Aucune des images de cet article sont les miennes, j’ai décidé de laisser mon appareil photo à la maison 🙂