Après avoir quitté la Palestine, j’ai décidé d’aller en Égypte, pour y voyager et me vider l’esprit pendant un certain temps.

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J’ai besoin d’un visa, ce que j’aurais pu faire à Tel-Aviv, mais après y avoir beaucoup réfléchi, je me rends compte que je ne suis pas sûre de pouvoir le gérer à ce stade ; je suis tellement fatigué des conversations interminables que je vais inévitablement avoir avec les gens de là-bas, et je ne suis pas dans un état émotionnel suffisamment stable pour les approcher avec tact. C’est un peu idiot de ma part d’imaginer que je pourrais éviter l’inévitable, mais pour l’instant, je décide plutôt de descendre à Eilat, près de la frontière égyptienne, et d’y faire mon visa là-bas.

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Eilat me paraît quelque peu irréelle après ces derniers mois. C’est une ville très détendue, le paradis du capitalisme avec des panneaux d’affichage partout et des stations balnéaires chics et coûteuses. C’est agréable, mais le lieu manque n’a pas trop d’âme à mes yeux. De plus, le fait qu’aucun de mes amis ne pourra jamais mettre les pieds dans cet endroit (même avec un permis pour visiter Israël, les Palestiniens ne peuvent pas entrer à Eilat) me met mal à l’aise. Cependant, je rencontre un compagnon de voyage super sympa du Canada, avec qui je partage des conversations philosophiques profondes, le genre de discussions qui me font toujours me sentir mieux.

Les gens qui travaillent dans l’auberge sont cools aussi, bien que chaque personne là-bas essaie de me convaincre de ne pas aller en Égypte. Mais je sais qu’il vaut mieux ne pas écouter les gens effrayés avant d’aller quelque part (oui, c’est entre autres une référence claire à la Palestine), et je me rends donc au consulat égyptien. Les choses ne se passent pas si bien que ça puisque le premier jour, j’arrive dix minutes après la fermeture, et le deuxième jour, on me dit que le système est en panne et que si je veux un visa, je dois attendre une semaine de plus à Eilat. Eh bien, ce n’est pas une option pour moi en ce moment, et devoir passer autant de temps ici est une idée qui me rend folle. J’ai donc décidé d’aller en Égypte avec le “visa Sinaï” gratuit que je peux obtenir à la frontière et de trouver comment obtenir le visa complet une fois que j’y serai.

Le passage de la frontière est assez facile.

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De l’autre côté, un taxi m’attend. Il a été envoyé par le camp où je vais rester quelques jours, qu’un gars d’Eilat m’a recommandé. En chemin, nous passons devant des centaines d’hôtels et de clubs de vacances, et beaucoup d’entre eux sont vides ou à moitié construits. Le manque de touristes se ressent presque dans l’air que je respire, ce qui est triste. Le Sinaï Sud est une région sûre – les enlèvements et toutes les autres choses horribles qui se passent sont dans le Sinaï Nord. Cependant, la peur est réelle, et elle fait fuir les gens.

L’endroit où j’arrive semble loin de tous ces problèmes. Les gens qui y travaillent et y vivent, principalement des Bédouins mais aussi quelques Soudanais, m’accueillent très chaleureusement. C’est très isolé – pas de wifi ici – et cela me semble idéal pour me détendre pendant quelques jours.

La seule chose qui ne se passe pas exactement comme prévu, c’est que l’endroit est plein… d’Israéliens. Ne vous méprenez pas, je n’ai rien contre le fait qu’ils soient Israéliens – j’ai cependant quitté cet endroit et suis venue en Égypte pour m’éloigner de tout cela. Ici, je finis par avoir les mêmes conversations encore et encore. Ce n’est pas ce que je cherchais ! Bien sûr, je pourrais mentir et cacher le fait qu’ai été en Palestine depuis quatre mois – mais je refuse de le faire. Donc, à chaque fois, c’est la même histoire : “Est-ce que tu allée en Israël ? Oh, où étais-tu ? Quoi ?!” Et la conversation commence.

Cependant, mon séjour reste très agréable, et les mauvais sentiments qui m’envahissent d’abord à cause de cette situation bizarre finissent par être un bon rappel : avant d’être Israéliens, Palestiniens, Suisses ou Chinois, nous sommes tous humains. Je me fais de nouveaux amis et nous passons un bon moment, en profitant de la plage et en jouant de la musique.

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Le deuxième jour, je me réveille à 4 heures du matin et je n’arrive pas me rendormir. Je décide de faire une promenade sur la plage avec les chiens, tout en regardant le soleil se lever sur la mer Rouge. Il y a cette atmosphère particulière de cette heure de la journée, quand tout le monde dort encore, c’est magique. Tout est si calme. C’est magnifique.

Après quelques jours, je pars pour Dahab, un paradis de “backpackers” un peu moins isolé que le camp. J’aime l’ambiance décontractée et les gens cools de cet endroit, alors je décide de rester un peu. Je réfléchis à ce que je vais faire ensuite.

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Pendant ce temps, je visite le mont Sinaï, où Moïse est censé avoir reçu les dix commandements. Nous le gravissons pendant la nuit, afin de pouvoir observer le lever du soleil depuis le sommet, avant de redescendre pour visiter le monastère Sainte-Catherine, qui est supposé être le plus ancien du monde.

Quelle belle région du monde.

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